Des chiffres sur l’ignorance qui gagne du terrain? Il y a du nouveau ! Tenez-vous bien ! 60% des élèves de 7 à 14 ans dans le système éducatif ne savent pas compter et 30% ne savent pas lire. Ce sont les chiffres avancés par l’Association tunisienne de défense des droits de l’enfant et vérifiés auprès de l’Institut national de la statistique.
50% des élèves tunisiens inscrits au primaire arrivent au baccalauréat où 50% d’entre eux réussissent à cet examen. Côté santé mentale, 20% de nos élèves souffrent d’une dépression et quelques-uns vont jusqu’au suicide. Ce sombre tableau nous a valu tout de même d’être sélectionnés dans un programme de soutien et de sauvetage destiné aux pays pauvres, dont le système éducatif est en complète déliquescence. Un programme pour lequel la Tunisie n’était pas éligible avant 2010, force est de le croire ! Ce programme porte le nom de Partenariat Mondial pour l’Education (PME).
Depuis le printemps 2020, la Tunisie s’est engagée dans ce processus qui permettra de financer le plan sectoriel de l’éducation à l’orée 2025 par un don pouvant dépasser les 30 millions de dollars US. Le programme n’exige rien en retour à part une vision sociétale. En d’autres termes les pourvoyeurs de fonds ne demandent qu’une seule chose : que ce programme puisse bénéficier à tous les petits élèves tunisiens et non seulement à une tranche de privilégiés. Soit! Parties concernées après l’aval du chef du gouvernement : les syndicats, le patronat, les membres de la société civile et le ministère de l’Education.
Mais voici qu’une information tombe comme un pavé dans la mare : la Tunisie est en retard pour déposer son dossier. Et pourtant les différentes parties ont effectué leur travail en préparant une analyse sectorielle. C’est une lettre ouverte au Chef du gouvernement qui a été à l’origine de cette information.
Une lettre signée entre autre par l’Utica, l’Iace, l’Association tunisienne de défense des droits de l’enfant, la Ltdh, l’Afturd, parmi une centaine d’autres signataires.
Ci-après un extrait de la lettre: «Nous sommes désolés de l’interruption puis de la rupture de toute communication avec le ministère de l’Education après une étape enthousiasmante où nous pensions avoir instauré un rapport de confiance partagée pour l’intérêt national et un engagement dans un processus participatif pour l’élaboration d’une vision et d’une politique sectorielle consensuelle dans laquelle nous serions tous engagés. La réussite de l’engagement de la Tunisie dans le processus du PME est vitale à un moment où les défis à relever sont multiples et les ressources extrêmement limitées du fait de la conjoncture économique, sociale et sanitaire.(….) L’absence de mesures d’accompagnements à ce nouveau rythme scolaire a fragilisé et mis à l’épreuve les mécanismes de protection amenant à plus de violence envers les enfants et émanant d’eux! L’exploitation économique des enfants est une résultante naturelle de l’appauvrissement général de la population et des enfants en particulier. Les inégalités régionales se creusent exposant les enfants à une souffrance et une altération de leur santé mentale»
Tout tiendrait donc selon les signataires de cette lettre et qui ont travaillé pendant des mois sur l’analyse sectorielle en question à une réunion et à une signature de la part du ministère de l’Education nationale. Un ministère qui renâcle pour le moment et qui risque de faire perdre à la Tunisie une chance de réformer son système éducatif et de le sortir du gouffre. Pourquoi ? D’aucuns pensent que cette réforme serait trop moderne et progressiste par rapport à une vision beaucoup plus étriquée et rétrograde de l’enseignement et qui compte plusieurs défenseurs…
Et si c’était vrai ?